La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

mercredi 15 septembre 2010

Obstinément

Tisser, cela ne sert à rien, si la nuit la main contredit ce qu’affirma la main la veille. Resterait alors à tuer le chien aveugle dont le nom même est oublié, envoyer l’enfant chercher son père par-delà le détroit, ouvrir votre sexe à ces pesants crétins qui veulent s’y ficher parce que résiderait là le lieu tiède du pouvoir, inconscients qu’ils sont qu’ils ne combleront rien de l’absence, que le désir qui les érige n’est pas né de vos parfums, qu’ils bandent imbéciles dans le vide de votre deuil impossible. Non.
Tisser ne sert à rien, vous le savez qui regardez la trame des rides gagner le coin de vos yeux usés par le métier. Régner ne vaut qu’avec l’aimé ; vos yeux fatigués, ils ne sont pas émus des chibres qui s’échinent à susciter les cendres neutres de votre ventre. Qu’ils prétendent. Avec la douceur d’une étoffe lasse, vous retournez à votre ouvrage, inutile et nécessaire.

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