C'est tout un motif la cerise, il en est des pâles et des sombres, des fermes et des fondantes, de petites aigres et de suaves rondes, précoces ou tardives, qui font la joie des merles qui s'enivrent et le bonheur des couples de pigeons sur le fronton des armoires normandes. Le printemps c'est estampe japonaise il neige des pétales, ça presque plus important que le fruit même -la merise amère nait d'une fleur candide. Il a fallu l'an passé abattre un cerisier malade, les arbres abattus m'attristent, ce beau bois rouge et miel couché sur l'herbe, nous en planterons un autre, il faut planter des arbres, il faut créer de l'ombre pour retenir l'eau, il faut des cerisaies pour ne rien regretter, des vergers pour retrouver notre innocence, des jardins forêts où se perdre, mordre aux fruits qui s'offrent, s'aimer et partager avec les oiseaux qui sont sans rancune.
Le ravaudeur n'a pas collecté toutes les pièces du puzzle. Le ravaudeur ravaude, j'entends par là qu'entre les morceaux de sa peine il suture, et que suturant il renonce à l'unité de ce qu'il rassemble et sa tâche c'est de faire tenir ensemble, et son travail un manteau d'Arlequin.