Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 19 mars 2017

Tentative de diversion

J'ai fait comme j'ai pu ce jour, je me suis débrouillé pour avoir des lessives à étendre, des copies à corriger, le repas ce fut vite et mal, j'ai tâché de me défiler, j'y suis presque parvenu. Patrick a téléphoné, je ne lui ai pas dit le poids de ce dimanche, il m'a proposé la foire aux vins de la Bouille, j'aime bien la Bouille, et la fantaisie de Patrick j'ai su qu'elle allait m'aider, m'aider à te survivre une année de plus, je l'ai accompagné. On a goûté des vins, il ne se fait pas confiance, alors je disais non pour lui quand ce n'était pas bon, alors j'ai dit oui pour un Jasnières vin tendre, je t'en avais fait boire et tu avais aimé ce vin du Loir, ce vin rare, irrégulier, ce vin de pierre, de coteaux plein sud. Nous en avons acheté Patrick et moi, et du Coteaux-du-Loir, dont le cépage au joli nom produit un vin rouge pâle léger comme le printemps, une fleur d'albergier dans le sang du soir. J'ai tout fait pour contourner l'anniversaire de ta mort, j'y étais presque parvenu, je dis bien presque, car l'effort même pour y arriver ne montre que trop ce qu'il voulait masquer mais qu'importe. Le message d'une cousine aux meilleures intentions, de celles qui ne ratent pas un anniversaire, me fait part de sa compassion, du lien dit-elle, et c'en est fait de la diversion, de la magie du vin. Je rentre suffoquant, deux ans sans toi deux ans, ça ne rime à rien l'anniversaire quand tu manques quotidiennement.

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