La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

vendredi 3 septembre 2010

Scarifié

Jusqu’à l’os, la plaie. Ce qu’elle signifie, cette géographie des lèvres, de la chair déchirée comme soie par un clou, rien sans doute, et l’écorchure n’arrête pas de se refermer comme la mer après Moïse. Cicatrice alors. Non, cicatrisation : c’est dans cet étirement des tissus que l’effort se perçoit, on se hâte, on se gratte, on rouvre la plaie. Pas jusqu’à l’os, non, ça n’aurait aucun sens. Quiconque a vu l’os de son propre crâne accumule cheveux, postiche, chapeaux. Si tout tombe et notre corps un décor misérable, et nos stigmates, le mauvais procès d’un méchant théâtre, pourquoi regarder jusqu’à l’os, scruter les mystères ? Ils sont là. Les lèvres de la plaie les prononcent, bouche de mystère, sanglante Eleusis. Ce qui nous fonde nous fait mal, et qu’importe ce que nous en comprenons: que ne lisons-nous pas dans le dessin des cicatrices ?

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