Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mercredi 22 septembre 2010

Assassin

Puisque les ombres sont, il faut les obscurcir. Nous ne lirons rien dans les entrailles des bêtes, les cendres des bœufs resteront cendres au sens, et rien qui vaille dans les menstrues des vierges. Qui se tient dans les hoquets du monde, je le reconnais. Qui sait qu’il parle une langue étrangère je lui sais gré de son mystère.
Travaillons à la nuit. Toutes les histoires, tous les mensonges, affabulons. Tout est préférable à la vérité si elle prend le visage de dieu, ce profil, cette face de monnaie. Dieu n’a qu’un œil, qui ne nous regardera jamais.
Je choisis la tête coupée des pavots, je choisis la gorge saignante du gibier, la hampe du satyre. Je cours nu dans le pré de vos bergeries, et de mes pas nait le brouillard des énigmes. Compatissant, j’étrangle les vieillards et les petits enfants. Dans ma main palpite une pierre. Je reprends ma course sans rose, je n’oublie pas d’embrasser ma mère, à charge pour elle d’effacer les traces, laver le linge de mon crime.

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