Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 23 décembre 2018

Finir avec Noël

Au plus court des jours penser à toi, ce que c'était lourd, les derniers Noëls de ta vie, on faisait comme si, les huîtres, le foie gras tout ça, tes beaux parents qui mangeaient pendant des heures, maman qui n'allait plus qui n'allait pas, est-elle jamais allée maman qu'il fallait visiter chez elle, maman mourait tous les Noëls, défaillait pendant les repas, toi tu ne te plaignais pas, et tu es morte avant elle. Qu'offrir aux enfants, que répondre à l'amie qui ne parle que d'elle, qu'offrir à maman, la joie on fait comment? Philippe achetait toujours des sapins trop grands, dans sa crèche trop de santons, pour l'enchantement des enfants qui sans doute n'en demandaient pas tant. On a fait comme ça on a fait comme si tout allait se répéter quand même, on n'y croyait pas, on s'est soumis, on a abêti la machine, des fois que, mais non pas de grâce efficace, la farce de la dinde et du divin enfant, l'escroquerie des mages et le goût de la bûche, nous avons souscrit, nous avons subi, peiné à digérer la frangipane de la galette, au nom de quoi, au nom de qui, le temps t'était compté, n'y avait-il pas mieux à faire que ripailler jusqu'à nausée, nausée qui ne te quittait guère?

vendredi 7 décembre 2018

Encore un dernier tour

Les jours les plus courts sont-ils les meilleurs? j'en doute. Les caniveaux plus clairs du jaune des feuilles mortes sont des ciels inversés sous des nuages chargés de nuit. Tu sais, le monde est cul par dessus tête. Le culbuto de notre enfance pouvait pencher, son cul plombé lui garantissait tous les rétablissements, et le grelot qui tintait en lui c'était le rire d'un clown, sa chute une plaisanterie. J'ai peur à nous voir pencher pour encore dévorer la terre, pencher sur le comptoir du dernier coup pour la route, la dernière part du balthazar, j'ai peur qu'à trop aimer la pente et l'ivresse nous consentions à l'ensevelissement. Nous sommes épuisants dans un monde épuisé, glissant comme les enfants sur des toboggans tirebouchonnés, des enfants qui voudraient que jamais ne s'arrête la glissade enivrante ni le tour de manège, mais tout s'arrête et les lumières de la ducasse dans les cinq heures de décembre, c'est mensonge hélas, et rien ne dit que le cul dans le bac à sable, l'enfant puisse se relever.