Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 19 septembre 2010

Jusque là tout va bien

L’enfant noyée ne criera plus puisqu’à votre dernier souffle sa seconde mort fut consommée, et vous rageusement lançant des galets de silence de vos bras grêles dans la soupe de jade que la mer mauvaise touille, image impensable que se hâte d’annuler la vague qui bouillonne d’une haine neigeuse, et vous plongé dans l’écriture vous abîmez sans peur ni hâte dans l’avalanche de l’écume.
Vieillard fragile aux jambes de verre, vieillard asphyxié par le deuil, ne respirant que de l’ampleur de phrases aux cadences rompues, vieillard dont l’œil luisant a su ne pas tomber dedans la larme obscène, vous vous tenez au rivage, vertical, comme enfin l’homme se doit d’être, qu’à tout le moins l’instant d’avant sa chute injurie la victoire des choses.

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