Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

jeudi 8 décembre 2022

Point de jour

 Le jour n'est pas venu, ne se lève plus le jour, les pigeons l'attendent sur le fil électrique, les lapins gambadent d'un brouillard à l'autre, on disait brûler le jour quand j'étais enfant si quelqu'un allumait trop tôt la lampe à la maison, je n'éteins plus les miennes, ce n'est pas de la lumière qui rentre par les fenêtres décillées de leurs volets, c'est la teinte blafarde des nuages qui rampent jusqu'au ras des haies, comme une scène scandinave on se sent poisseux d'une mélancolie qui sent l'overdose de mélatonine. De fait on voudrait dormir comme l'ours hiberne, et se réveiller aminci au printemps, plein d'appétits nouveaux, se réinventer dans une reverdie que rien ne promet pour l'heure -en témoignent les chats transis qui rentrent sitôt sortis.

dimanche 4 décembre 2022

Comment ça s'arrête

 Comment ça s'arrête, l'élan, le temps, tout ça, la rive du monde où verse l'eau des fleuves, le sang qui bat les tempes et la mer la falaise blanche, il faudrait ralentir, adoucir les bords, arrondir les angles, et les colères les apaiser. Ce doit être la saison, les mauvais anges picorent les boules de graisse dans le gris cotonneux qui flotte près de la mare, cette nuit qui ne cesse de tomber, ce doit être la saison qui donne des envies de berceuse, de pain d'épice et de thé à la bergamote. Les gens parlent du prix du gaz, craignent les délestages, le froid, la lumière tarie. On n'a pas le cœur à l'apocalypse -ni à l'écœurante nativité- on voudrait seulement prendre le temps de caresser les chats avant que tout ne s'éteigne et se blottir pour mieux s'aimer.