Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 12 septembre 2010

bordures

Le long des haies, je sais des signes, il suffit de scruter les limites. Tous les matins, au lieu-dit des Égyptiennes, je croise un bouquet jaune noué à la clôture d’un pré. Parfois, une main hostile l’arrache, le lance parmi l’herbe haute, on voit palpiter le plastique des roses. Le lendemain un autre bouquet plus gros, noué plus solidement sur le même piquet témoigne du même pèlerinage, et l’on sent que si la main hostile est celle du propriétaire du champ, c’est en vain qu’il s’échine : sa clôture ne lui appartient plus, la voici devenue l’autel d’un culte sur lequel il n’a pas prise. Ce bouquet le dépasse, prétend à la durée. Voici cinq ans que s’est tué le motard que l’on fleurit dans la constance.

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