Et le silence s'abat blanc sur le toit d'ardoise et bâillonne les voitures qui passent en glissant dans le grand blanc de la nuit noire, il neige ce soir pour la dernière fois, ce que je me dis, pour la dernière fois, il se pourrait bien que plus jamais il ne neige en Normandie, ce qu'on m'a dit, on peut le croire, des mimosas des vignes ici on s'y prépare. On sort un instant, on ouvre la main le temps qu'un flocon s'y love et s'évanouisse dans le poing refermé d'où sourd une eau de glace, c'est l'hiver des légendes, c'est la fin de saison et la fin des saisons nous saisit nous fondons comme flocon de neige dans le poing fermé d'un enfant qui frissonne. Le monde se fige, le monde fond, c'est vers la fin que nous coulons, vertige, les perce-neige perlent les talus profonds et vibrant sur leurs tiges mentent et nous disent que le printemps c'est bon, ce conte, ces boniments de fin du monde, ces ruses pour bercer les enfants.
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