Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mercredi 10 juillet 2019

Eté tempéré

C'est un soleil normal un soleil d'avant, exactement la lumière de juillet d'antan qui ricochait sur les flaques où nous agitions nos épuisettes, entre les rochers de Port-Lin dont le mica scintillait par à coups, une lumière qui certes avait sa violence mais qui ne brûlait pas comme il arrive que brûle le ciel de nos jours -que d'incendies dans le journal  qui incrimine des enfants, se méfier des enfants, dissimuler les allumettes, les ranger en haut des buffets, avec les bonbons, les confitures. Comment à ce compte ne pas désirer le feu? Nos enfants brûleront le monde, nous leur en avons donné le désir, leur avons montré comment faire. Mais aujourd'hui, l'air n'est pas trop rare, le ciel bleu sans trainées brunâtres, un été tempéré jurerait-on, un été  banal où l'on lit la fenêtre ouverte, il t'aurait rappelé ce jour lointain où le chat noir voulut chasser les papillons et tomba de l'étage dans le buddleia bourdonnant d'insectes -les rosiers  sous ma fenêtre bruissent d'abeilles, j'entends un merle. Pas un âge d'or, pas un soleil d'Eden, juste un jour d'été.