La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

vendredi 5 novembre 2010

Spartakiste

Je reprendrai ma colère avec mon souffle. Vous le savez, j'attends pour bientôt le retour des démons, mais maintenant, c'est de repos dont j'ai besoin. C'est le repos qu'ils nous refusent, ils veulent encore ces instants-là, ils ne seront contents qu'ils n'aient tout, eux qui possèdent déjà tant voudraient poser patente sur les portes du sommeil des pauvres, sur les paupières des vieux, tant qu'il leur reste encore un peu de lumière dans l'œil.
La colère me reprend mais le souffle me manque. Quant au repos, je n'échangerai pas ma fatigue contre le sommeil qu'ils proposent et qui n'est pas le mien, je ne veux pas de ce poids-là sur mon front, ni de leurs gouttes sous ma langue. Plutôt ne pas dormir, mais regarder le sac de nos vies, regarder pour comprendre que la guerre n'a jamais cessé, que nous mourons de croire à l'armistice. La paix, c'est le luxe des maîtres, l'ambroisie des vainqueurs. Il faut porter le feu jusque dans leurs piscines, que leurs écrans reflètent les creux de nos visages épuisés, nos dents noires, notre crasse incrustée. Qu'ils nous craignent. Que nous possédions leur peur, que nous la leur fassions payer. Nous ne serons pas de bons pauvres : nous porterons la rage aux murs des hauts quartiers et nous ne dormirons que notre soif éteinte.

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