La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

dimanche 21 novembre 2010

Odile

On avait discuté, la veille, savoir si on paierait le taxi à Odile, on lui payait déjà le train, la gare ce n'était pas si loin, le chemin joli, le joli chemin, l'air de la mer, ça lui ferait plaisir de marcher, ça lui ferait du bien l'air marin. Comme bagage, elle ne prend quasi rien, pas besoin de grand chose Odile, contente de peu, heureuse d'un rien, son sac il ne pèserait pas lourd, marcher ça ne la fatiguerait pas, tu vois, le mieux c'est l'ennemi du bien, on la gênerait en payant ça. De la gare à la villa, elle regardera les jardins, elle aime ces jardins-là qui n'ont l'air de rien, allées de sable, vilains nains, elle avait un chat de faïence, Odile, sur le toit de sa maison. Chalons, ça fait loin… C'était la vie d'avant, Odile dans son jardin, et Jean-Paul encore souriant. Maintenant qu'elle n'a plus rien, ni Jean-Paul, ni maison, ni chat, qu'elle n'est plus alourdie par rien, c'est sûr qu'elle marchera, Odile, de la gare jusqu'à la villa.

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