Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

lundi 4 octobre 2010

Le Havre, peut-être (Etretat sans doute)

Revenu du sud, las d'azur et de chaleur, il ouvre les paumes vers le ciel pommelé, il s'enchante du vent qui heurte les falaises dont la craie brille, plus claire que le jour, et l'écriture en elle au hasard des silex.
Sa barque comme un soc de Braque a creusé les galets dans le creux de la vague, et chacun, de ce moment, a su qu'il était rentré, qu'il n'avait rien oublié, rien perdu de sa main de barreur habile : sa barque exacte au rouleau connaissait le rythme et l'angle, et les gosses en riant ont tiré les filins, et les vieux ont quitté le banc du soir, retrouvé les gestes des mousses en treuillant sans à coups la barque par la proue.
Mais dès la jetée, elle se tient là qui lui dit : "Si tu reviens pour repartir, n'aborde pas. N'attends de moi ni linge, ni singe, ni biscuit. N'espère rien du ventre qui s'est refermé, il n'est plus saignant de ta sonde. Mais si tu reconnais parmi ceux-là qui jouent le fils qui ne sait rien de toi, alors demeure, et sois à la hauteur des rêves qu'il a forgés en ton absence."

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