Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

lundi 29 avril 2013

Nous portons nos ombres

Survivre à l'enfant mort et le porter comme distraitement, ne jamais le montrer mais lui parler le soir quand tout est endormi et que seuls nous veillons et guettons les signes sous l'aile imbécile du monde. Ne pas s'attendrir, le tenir au courant, compter sur sa vigilance. Ne pas l'imaginer comme un pantin de chair, le sauver du gnan-gnan. Survivre à l'enfant mort et le porter au poing comme un oiseau nocturne, venger l'enfant mort en lui offrant des proies de choix, lui laisser se pousser les ongles pour que serres, elles paraphent l'air impur de ma vie d'homme mûr: rêves de chasses barbares de fauconnerie galante qui lacèrent ma léthargie d'épuisé. Que toujours l'enfant mort veille à mon qui-vive.

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