La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

dimanche 14 avril 2013

Gravir les collines

Digues rompues, par la ville noire on voit des corps flotter, des courants indécis qui tourbillonnent, et nos regards à leur tour s’affolent. La mer a-t-elle tout emporté de la plage et du port, des bateaux et des galets, jusqu'aux immeubles de son front ? Rats glabres chassés des conduits modernes, nous remontons essoufflés les collines, gras d'huile de palme hydrogénée. Notre cœur n'y tiendra pas, qui bat contemplant le mascaret remonter l'estuaire, déborder les méandres, noyer la centrale, engloutir les troupeaux. S'effondre le clocher de Notre-dame-de-Bon-Port, s’affalent par pans les vieilles falaises ravinées qui se déchirent à travers bois de valleuses insoupçonnées. Les haubans des ponts sont tombés les premiers : les rives désormais s'ignorent. Quand l'eau se retirera, si elle se retire, nous descendrons des points de vue et chercherons dans les gravats les corps des êtres aimés, que d'autres rats auront dévorés.

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