Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mercredi 3 juin 2015

Sable de Pen-Bron

Nous étions si petits que je ne sais même pas si tu t'en souviendrais ou non, de ces jours-là de traversée où nous luisions dans nos cirés bretons fiers comme sont enfants de briller au soleil et frémir sous l'écume. Nous prenions la vedette pour aller à Pen-Bron, une croisière de cinq minutes, une carrière de marin breton à l'échelle de nos trois-quatre ans , nous allions avec maman qui tricotait l'aventure voir Sœur Marie-René -pour nous c'était tante Fanchette- infirmière au sanatorium -plus tard, on parlerait de centre hélio-marin, les mots changent, pas la pierre grise. C'était je crois le premier bateau sous nos pas mal assurés, c'étaient je crois nos premiers cirés.
Le sable de Pen-Bron, cela tu ne peux pas ne pas t'en souvenir, nous y sommes si souvent retournés, c'était un sable d'une finesse de farine, sable de dune, d'imparfait tombolo qui s'envolait en tourbillons blancs dès qu'un peu de vent se levait. Quelques chardons bleus y poussaient, et cette plante aux fleurs vieil or qui sentait fort le curry était trop rare pour le fixer. Un lapin y titubait comme ivre, tremblant, les yeux gonflés, zigzaguant à l'aveugle -aveugle il l'était ou presque. Ce jour-là j'ai appris le mot myxomatose qui ne m'a jusqu'aujourd'hui été d'aucune utilité, qui ne nous a pas consolés de savoir le lapin malade et pas soigné, si près d'un hôpital et de ses infirmières.

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