La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

vendredi 4 mars 2011

Assassin sur la berge

Lui l’assassin qui longe le fleuve – et tout fleuve est amour qui penche vers la mer – perce le ventre des femmes d’une lame triangulaire tandis qu’il les tient à la gorge. On retrouve sur les cadavres la trace glaireuse de son sperme, un mégot écrasé sur les lèvres de la victime, un verset de la Bible – il est question de Babylone – le dessin de ses semelles – du quarante quatre et des fers aux talons.
Mais il a disparu dans les buissons près de la berge, à peine un lacet de fumée dans l’air du soir un souffle un peu court en contrebas, évanoui ce songe sanglant que des policiers en sueur recherchent. L’Ange du Mal prend mille visages et c’est en vain que les hommes le chassent : il reviendra charmer les lavandières de sa voix suave, ensanglanter leur linge éclatant du bleu de Marseille, essuyer son poinçon à leurs jupes troussées, sous l’œil effaré d’enfants très purs à qui il sourira.

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