Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

samedi 19 mars 2011

Lendemains qui chantent

Dansent les ombres et nos amours sur des écrans de jade, de plasma. J’ai pris ton sein dans ma main, homme de plénitude, pendant qu’il pleuvait sur l’image la nuit même du sens.
Le feu du ciel serait tombé, & l’on aurait forcé les portes des arrogances, & l’on aurait arraché les langues des bourreaux borgnes que je n’eusse pas laissé ma place, homme de plénitude.
Nous y serions allé ensemble, nous aurions giflé en riant de vieilles éminences tremblotant sur leurs talons rouges, nous aurions ouvert les coffres au Sud & décidé d’un grand Carnaval, & nous aurions –par quel miracle ?- compris de vieilles chansons anatoliennes, & nous aurions plié nos corps aux joies des pas tressés et des mains tendues.
Tard dans la nuit, les guérilleros seraient rentrés chargés d’honneurs & par la ville nous leur aurions fait fête ; ils auraient brandi avec des joies d’enfant les têtes hideuses des salauds –peut-être, au milieu d’elles, la face exsangue de mon père. Tu m’aurais embrassé à ce moment-là, je n’aurais pas bien vu. Plus tard encore, le sommeil la main sur ton ventre, et ta peau douce comme la vérité. Homme de plénitude, comme il est juste de t’aimer, lorsque le monde n’est pas juste.

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