Le soleil presque laiteux ce matin dans ce ciel bleu layette donne à Mozart des parfums d'automne, de boskoop à la peau rugueuse, saveur de passe-crassane un peu pierreuse, les quatuors dédiés à Haydn esquissent des danses de feuilles heureuses, il n'est pas poisseux Mozart, les feuilles scintillent d'une rosée tardive, dernières roses perlées, derniers dahlias ployant sur des tiges trop fragiles, l'automne a ce sourire timide de vieillard pendant l'éclaircie, c'est maintenant, c'est aujourd'hui. Les écrans vomissent des haines recuites, des joies mauvaises, il ne les éteint pas Mozart, du moins on aime croire qu'il les affaiblit (pas si sûr, disons qu'il les met en sourdine, déjà ça, ce repli qu'il permet, cette joie fragile).
On aimerait que traverse ici l'écureuil qui zèbre le jardin dans sa razzia d'octobre (les noisettes y sont toutes passées), voir s'enfouir sous les feuilles le hérisson menacé d'extinction, s'assurer qu'il passera l'hiver, un rêve d'arche de Noé, Mozart s'alanguit, c'est une autre mouvement, plus mélancolique, que reste-t-il du vivant? Le jardin frémit, juste un peu de vent, Palestine, Liban, atrocités sur les écrans, ce qui se passe est accablant, le jardin n'en peut mais, on a coupé Mozart, horrifiés on regarde jusqu'où la rage à l'horizon toujours renouvelé.