Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

samedi 21 janvier 2017

Quant au bleu du ciel

Il ne dit rien le bleu du ciel, ni ton absence ni ma grelottante survie. S'y fige mon haleine blanche, s'y blesse ma peau rougie, je glisse sur la pente, celle de ma rue, vers la boulangerie. Si j'étais un peu courageux, j'irais tancer le marbrier, il doit faire trop froid pour graver le nom de maman, il faudrait aller vérifier, grimper la pente, celle du cimetière Saint-Léonard, retrouver le caveau des grands-parents que maman cherchait toujours trop haut, à peine s'il est à mi- pente, ce caveau où elle est enterrée. Que dirait-il le bleu du ciel de vos absences, de ma peine, ne dirait rien le bleu du ciel du grand pont blanc, du Havre sous le vent glacial, des larmes que le froid fait couler, des lèvres gercées qui se taisent, des baisers perdus, oubliés. Il ne promet rien non plus, et c'est pourquoi on lui pardonne au bleu du ciel d'être si coupant, si ardu qu'on en chancelle et qu'on s'en tient inconsolable au paysage indifférent, à l'inhumain soleil d'hiver.

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