La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

mercredi 29 novembre 2023

Si la neige

 Il y aura peut-être -ainsi va, pêle-mêle, la théorie des nuages- sur la plaine assombrie, les terres gorgées où pourrissent les semis d'hiver peut-être il y aura -quand auront couru loin le coq faisan et ses deux poules au plumage de feuilles mortes- des nuages tellement plus bas qu'ils raseront l'herbe d'une rosée glaciale et là, une vallée, une colline, un pont sur l'autoroute pour bloquer l'haleine blanche qui versera ses cristaux crissant. Et si l'enfance à jamais perdue s'exaltait à s'en brûler les mains, roulant bonhomme à chapeau cassé, nez de carotte, nous nous contenterons de voir les flocons choir, lourds ou farineux, fondants ou glacés, sur le sol détrempé, disparaitre puis tenir jusqu'à l'horizon désiré, ce silence dont la qualité même inquiète. Le jardin stupide aux formes estompées sera neuf à notre œil et des oiseaux perdus s'accrocheront aux mangeoires, éclats bleus de mésanges, traits vert pinson, angles droits des troglodytes, jusqu'à l'orangé chaud du plastron du rouge-gorge dont on voudrait tant qu'il échappe aux chats. C'est la chance de la neige, les chats ne sortent pas, les nôtres du moins, et les autres on les voit de loin sur fond blanc, ils peuvent jouer les indifférents, les oiseaux perchés ne s'y trompent pas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire