La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

lundi 8 mai 2023

La belle vie

 Il n'y avait  personne pour nous disputer le songe de Constantin, voir le soldat qui le veille nous interroger du regard, à l'ombre des gardes obscurs que nimbe la lumière de l'ange, à 9 heures du matin personne à Saint François, à peine si la gardienne regarda nos billets, nous avions réservé par crainte de la foule, mais personne dans la chapelle Bacci, la vraie croix pour nous seuls, et l'émerveillement revenu vingt ans après la première visite. Ma mère fraîchement opérée de la cataracte y avait vu ce qu'elle rêvait de voir, d'un œil neuf, dessillé, l'annonciation limpide, la bataille hiératique, Arezzo dans les lointains, une Jérusalem toscane, le songe  de Constantin dont le soldat mélancolique nous touche comme un frère inquiet.

Ce furent ensuite un croissant à la pistache dans la vieille pâtisserie aux boiseries désuètes, la grand place où étaient installés des bambins de cinq ans à qui l'on racontait l'histoire de la ville, au centre exact de la place dont la géométrie réjouissante jouait avec le soleil montant, la cathédrale, Saint Dominique dont un fidèle prévenant nous éclaira le crucifix de Cimabue, ce fut enfin la maison de Vasari, ce refuge au jardin tranquille et les muses peintes au plafond qui me rappelèrent telle sacristie de sa façon, presque incongrue à Naples, à Sainte Anne des Lombards.

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