Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 9 juillet 2017

Rien voilà l'ordre

Je ne fais pas de bruit ce soir, c'est la petite cérémonie dominicale, je te parle, il pourrait pleuvoir, le ciel est gris le temps lourd, un âne braie qu'on entend de loin. Une femme au Havre me parlait hier des géants je n'entendais rien, je deviens sourd, ils étaient revenus pour les cinq cents ans du port de Grâce, je ne fais pas de bruit ce soir, ils furent machinaux les géants, mais dieu que cette ville est belle, tu l'aimais aussi, le musée la plage les vitraux de Saint-Joseph et le café du bout du monde. Les géants se sont un peu répétés, pas la magie d'antan, la magie d'antan c'est raté, nous sommes d'après la magie, quand la machine s'est installée, le perlimpinpin se disperse. Il vente toujours par le Havre, alors c'est à toi que j'ai pensé par les rues, tu aurais aimé la joie des gens bigarrés qui suivaient la marche du scaphandrier, tu aurais aimé voir dormir le petit géant noir, mais tout comme moi, t'auraient glacée la clameur, les applaudissements: le peuple assemblé, tout bigarré qu'il fût, célébra la police qui fermait le ban plus que les artistes de rue, la foule voulait l'ordre, elle l'eut, qui règne sur nos joies désormais contenues, sous contrôle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire