Retour alors aux fleurs, toutes les fleurs de notre enfance sont là, cerisiers de Honfleur, poiriers, pommiers enfin, les pruniers déjà feuillus, comme on aimait ça, c'était Pâques, les coucous jaunes, le chocolat, les dernières jonquilles et la promesse du lilas. Sous les bois les tapis d'anémones s'étiolent, laissent place aux jacinthes -je me souviens des chansons et des bouquets, c'était si joyeux mais j'ai perdu le fil d'avril, quelque chose s'est rompu du bel équilibre où les fleurs s'ouvraient, offraient un pistil qui devenait fruit. C'est un peu difficile, comme si ta mort me faisait signe, se faisait clé, démasquait la joie du monde à recommencer, plus si bien, le même en pire, en plus toxique, en moins vivant. Tu sais -tu ne sais pas- là-bas on gaze des enfants aux joues roses comme des fleurs de mai, promesses de cerises sur l'arbre couché, maman l'aurait vu à la télé, elle aurait pleuré, m'aurait appelé, tu m'en aurais parlé. Je te parle tu ne m'entends pas, le monde est pire sans toi, le printemps ment de toutes ses dents qui tombent, pétales dans le vent sur les crimes de sang, de bave blanche et de joues roses comme fleurs de cerisiers.
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