La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

mardi 23 août 2016

Désert de Retz

Nous aimions, dans les forêts du dimanche, passer le mur éboulé dans la domaniale, voir les ruines en ruines, marcher entre les ronciers et les lierres qui couvraient le désert de Retz. Les arbres du parc s'étaient ensauvagés, ce n'était pas le sous-bois commun, mais d'autres essences que nous connaissions mal. Surgissaient entre les houx la colonne brisée, la pyramide glacière, nous ignorions leurs noms, ce que nous savions c'était l'abandon, vanité de la vanité. Notre enfance se faufilait entre les monuments détruits, en elle s'insinuait l'intuition d'une mélancolie globale, que nous savions éloigner d'une course, d'un rire, d'une tige de chèvrefeuille. Marcher dans le désert de Retz, c'était explorer un monde perdu, le parc où vont les bêtes, comme le disait la chanson que nous fredonnions en marchant, et quelqu'un s'en souvient peut-être. C'était plus Hubert Robert que Rancé, plus aventure qu'ermitage. Je vois que tout depuis a été restauré, reconstruit, que les ruines sont proprettes, que la forêt a reculé, qu'il faut payer pour visiter, que tu n'es plus là pour chanter, et c'est en moi qu'est le désert.

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