Je reviens de Porto où tu n'iras jamais, il y faisait très chaud, des forêts ont brûlé. On a cherché la fraîcheur, on étouffait un peu dans le vieux quartier juif, c'était dur de dormir dans les cris des goélands perchés sur les vieux toits orange et le clocher de granit. Nous avons pris le bus vers les plages de Foz do Douro, j'aime les villes où les bus vous mènent à la mer, et là en quelques pas l'air du large, la digue où se brise la houle, et les rochers partout, des rochers d'Atlantique qu'expliquent des panneaux savants sur la promenade entre les cafés, granit et gneiss est-il écrit, d'autres noms que j'ai oubliés. Regardant les criques entre les rochers où s'étalaient les taches acides des parasols, les mares où trempaient les enfants, les laminaires qu’agitaient les bouillons blancs d'une écume forcée, me sont revenus d'autres criques, d'autres rochers et d'autres draps de bain, Le Croisic en somme, l'air humide d'embruns, la peau caramel des gosses pataugeant dans les vagues, et bien sûr c'est toi qui m'est revenue. Ce n'étaient pas les mêmes arbres, mais il y avait des tamaris et ces plantes de bords de mer qui n'aiment rien tant que le sel, dont les feuilles charnues rougissent. On en avait planté au pied du muret de la maison blanche, on en replantait parfois des pourpiers après les gels de l'hiver -c'était rare mais il gelait parfois. Jusqu'au sable grossier qui m'évoquait Port-Lin, la jeune fille assise devant nous dans le bus du retour en gardait incrustés quelques grains sur l'épaule. Et c'était encore toi, tes grains de beauté, et le sable qu'on rapportait dans nos sandales jusqu'à l'entrée de la grande villa.
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