Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 5 décembre 2010

Chronique I

Fatigués par tant de voyages
que laissons-nous tomber avec le sac
de notre peau quand
pèsent nos muscles alourdis,
paupières plombées sur des fenêtres ternes?

Les paysages abusés s'étendent
et notre regard n'y est plus le semeur de sens
qu'il prétendait naguère quand des haies
familières lui dessinaient des perspectives nous
ombrant le front de noisetiers et d'aubépines

Nous passons le gué sans étonnement
comme si tout, connu de si longtemps
s'était tanné dans la vallée dont nous voyons crouler
les moulins de briques le torchis des remises
s'écailler le toit de l'église

Fatigués nous rentrons dans la vieille maison
les bottes pleines - il y a bonheur à les ôter,
comme si le poids du monde restait collé à leurs semelles.
La rue retentit de chevaux obsolètes.
Nous n'y faisons plus attention.

Demeurent
notre sommeil sans nostalgie
nos mains solidaires.

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