La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

jeudi 7 mars 2024

Lumière de mars

 La lumière nous réveille au matin, la lumière crue de mars qui frappe les carreaux, et les volets ouverts, prend la maison d'assaut, impérieuse, effaçant sans effort des mois d'anémie grise. Au travers de ses faisceaux volent des poussières enfiévrées et quelques poils de chats. Ils sont sortis, les chats, ils prennent la chaleur contre les silex du mur. Le jardin s'enivre de fleurs, l'herbe est d'un vert aussi acide que la palette de David Hockney, le ciel s'éclaire enfin, s'affranchit du bleu durci de l'hiver, et déjà Tanguy rempote les deux pieds d'artichaut dans la véranda. On devrait être blasé, ce chambardement des cycles, le chant des oiseaux, le bariolage du prunus, des forsythias, des pêchers, des bouquets de jonquilles, on devrait se méfier, tant on a souffert des morts de mars, on sait que c'est un mois brutal, n'importe, on se laisse embarquer, on espère des morilles, des tricholomes de la Saint-Georges, c'est un peu tôt, on regarde pourtant.

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