Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 8 octobre 2023

Méconnaissable

 Le jadis s'insinue, l'ai-je été, ce jeune homme aux angles aigus, qui battait la campagne au printemps froid des saints de glace, je me souviens mais m'y perds, que reconnaître du révolu, je me souviens de la salle des pas perdus, du tabac froid, de Saint-Lazare, des regards croisés, des briquets battus, des trains pris trop tard. On se souvient, un peu honteux, des faux-fuyants, des faux amis, comment on fit défaut dès lors qu'il s'agissait d'aimer, on se souvient du temps perdu à s'efforcer d'être léger, on le fut, pauvre blague. Reste si peu (de jours, d'abeilles, de neige, de pluies à l'horizon), on s'est arrondi, on s'endort vite, on ne court plus, on regarde les grives, on perd son temps, on aime encore dans ce monde de sang, cela m'est doux, c'est pas trop tôt, c'est un peu tard, non, c'est ainsi.

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