La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

mercredi 4 octobre 2023

Feu le jadis

 Il fut un temps, je l'ai connu, où les garçons naissaient de l'ombre des arbres dans la nuit des forêts, et c'étaient eux qui brûlaient, pas les branches, incendiant les passants de l'amadou de leur peau blanche. Aujourd'hui où les arbres brûlent et brûlent mille fois, cendrant Brésil, Grèce, Canada, sont-ils cendres eux-mêmes, les garçons dont le sillage sentait le tabac froid, les faunes masqués d'after-shave? Ce qui a brûlé, ce qui brûle, n'est-ce pas aussi le désordre railleur de Puck, l'enfance de Poucet? Où se perdre sinon, quel fourré, quel taillis pour faire gîte en lagomorphe, oreilles dressées?

Ce jadis de la cachette d'où jaillissaient urgent le désir d'aimer comme celui de mordre, ou plus caravagesque et plus trivialement le briquet battu et la braise d'une cigarette, a brûlé dès avant les arbres, faisant des forêts incendiées nos sœurs, réduisant en fumée le cœur de nos amants.

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