Le prunus se risque à quelques fleurs, il a tonné hier soir sans qu'on puisse voir le moindre éclair, il a plu comme pour laver l'offense, mais rien de la sorte, rien susceptible de remplir la mare, tant pis, le temps change, le ciel gris se déchire, une percée de soleil, une giboulée de mars, la lumière, crument, traverse la pièce et révèle de la rousseur dans les poils du chat qu'on croyait gris, on y voit clair et puis la pluie de nouveau brouille la vue, crépite sur la véranda, dérange le sommeil des chats, s'écoule sur la baie vitrée, l'herbe n'est plus qu'un halo vert, les oiseaux des chants discrets, on en reste éberlué, les jonquilles mouchettent la pâture, l'œil se perd dans l'averse, elle joue avec nos nerfs la lumière qui se refuse pour soudain rompre le rempart des nuages et inonder la chambre. Sur le lit le chat roussi choisit très précisément le carré de lumière pour s'y coucher et reprendre sa sieste.
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