Les nuages courent au dessus des champs reverdis, ils hachent la lumière crue de la fin d'hiver, ils projettent leurs ombres sur les arpents jaunis par l'agro-chimie, sur la ligne des peupliers nus, sur la façade de la maison qui s'assombrit forcément, avant de retrouver un soleil oblique, celui qui éblouit, comme un intrus dans les pièces surprises. La pluie n'est pas pour aujourd'hui, on s'en réjouit sots que nous sommes, un mois sans pluie en Normandie, la face du monde en est changée, dire cela n'est pas plaisanter, vains que nous sommes. Un ministre évoque sans ciller le chiffre de quatre degrés, s'inquiète des stations de ski, je coupe la chique au triste sire, je pense aux hêtraies, la fin de nos forêts ici en Normandie, au calvaire de Fécamp parti avec le pan de falaise effondré, je crains les chaleurs de juillet, les crues à contretemps, la grêle sur les toits, les coups de vent, et cependant je garde en moi le goût du printemps, l'envie de l'été, sot que je suis, inconséquent.
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