Je ne te parle plus la mort nous a gagnés j'entends par là qu'à ton silence il n'est rien à répondre et que tu n'en peux mais. Le jardin de décembre se tait dans la nuit précoce et le gel sur les haies crispe les dernières feuilles en des convulsions brunes, et les troncs des arbres dessinent tous les possibles squelettes du vivant. Où tu gis je sais, je n'y vais jamais, les toussaints sont des sabbats tristes, et je suis juif errant dans le deuil de mon deuil. La tombe de maman j'y vais, sa mort j'y ai consenti, la tienne s'est imposée, lentement brutale, avec elle l'existence alourdie, la survie coupable. Je ne te parle plus ton fils est malheureux qui croule sous les deuils mais qui pleure désormais, ce que je voulais dire, ce que tu n'entends pas, c'est qu'il m'appelle quand il est mal, faute de toi, et que j'accueille sa douleur, tâchant vaille que vaille de me faire passeur de feu.
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