La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

mercredi 22 décembre 2021

Pierre fendre

 La croûte blanche a tout saisi, le caillou rebondit sur l'eau transie de la mare où les lentilles vertes sont prises parmi les tiges vitrifiées, alors c'est encore vrai qu'il gèle encore, parfois, un peu? On aime la buée sur les fenêtres qui troublent la vue sur les arbres, et le chat noir qui se détache sur l'herbe cotonneuse de givre reste moins longtemps dehors, douillet qu'il est, frileux un tant soit peu; le rêver tel alors qu'il accourt au bruit de la porte ouverte. C'est l'hiver, la semaine des fêtes insanes, et tout est bon pour calmer les bêtes. Les loups sont de retour, on offre des spectacles, on projette sur les murs calcaires des églises des images , des coloriages, les loups rêvent-ils en couleur? Les enfants ont-ils peur du loup, le loup  qui peuple leurs images? C'est l'hiver, on bondit d'une nuit à l'autre et le gros chat gris à qui on a ouvert la porte n'en revient pas de l'aubaine dort sans discontinuer, et gémit quand il rêve. Tout est prétexte à bougies, guirlandes, flambées, nous tuerions pour lacérer l'ombre d'un éclat de briquet, d'une torche de téléphone -étrange objet. La nuit nous brûle, on voudrait éprouver la glace de la mare on voudrait patiner, mais la couche reste mince, et l'âge nous a passé de chausser les patins. La nuit nous pèse, c'est l'hiver, on s'invente des parfums de thés, fleurs de cerisier, jasmin, on laisse le printemps infuser pendant que la nuit gagne le temps d'une tasse, comme le négatif d'un nuage de lait (on n'en met jamais dans le thé).

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