Se boucle, ce mois-ci, la première année sans toi, pas besoin de calendrier: les fleurs le disent sous la gelée, c'en est fini de février, mais nous sommes dans ces temps où l'hiver est plus doux que le printemps qui cingle, et mars, en dépit des jonquilles, m'est une Toussaint violente. Les fleurs sont en avance, on ne peut pas comparer disent les jardiniers, une année ne fait pas l'autre, mais l'an dernier, tu me l'avais dit, si attentive à la vie qui te quittait, l'an dernier déjà, les fleurs avaient anticipé l'appel. Je vois par la fenêtre les derniers perce-neige, les narcisses, les primevères. Lorsque pour la dernière fois, nous sommes sortis de l'hôpital pour prendre le soleil, je me souviens que fanaient les crocus et qu'explosaient d'un rouge invraisemblable les massifs de tulipes, et ce fut très joyeux de pousser ton fauteuil, de se laisser porter par l'allégresse des plantes. Ce mois-ci boucle, un vieil oncle est mort et à l'enterrement revoir certains de ceux qui étaient venus au tien. Moins de fleurs pour le vieil oncle, plein de robes d'avocats et quelques vieux chantres ânonnant le rite latin. Je suis rentré glacé, et je pense, t'écrivant, aux premières tulipes, et je te rêve un paradis païen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire