Puisqu'on tranche la tête des oiseaux de l'automne, que partout éructent des reines de coeur sanglantes, qu'il n'est plus d'île où se tenir, apprendre à pardonner, susciter la tempête apaisante, puisque la tempête est partout, que les poissons se noient et que les chansons nous manquent, puisque les mères sont à bout de souffle et qu'aux frontières elles voient se masser leurs enfants monstrueux qu'aimantent des joueurs de flûte, puisque mon rêve n'a plus de prise et que la terre que je foule s'épuise sous mes pas, quelque effort que je fasse à ne pas lui peser, puisque la mer monte et lèche ma maison d'une caresse menaçante, que ma voix s'use à proroger des livres impuissants à remédier au monde, que le vin du soir ne suffira pas, que ta main manque à jamais à l'heure recommencée où tous les poings se crispent, par défaut je te nomme amour quand les oiseaux égorgés pendent à l'office et que partout c'est carnage et bêtes éventrées sous le couteau de tous, tous étonnés de jouir en bouchers, de s'endormir équarrisseurs mélancoliques tandis qu'à l'horizon des nuits frémissent les golems de nos désirs abjects, l'ombre des dieux morts, la glaise de nos rancunes. Par défaut je te nomme amour et je suis baptiste au désert et je suis un enfant qui pleure et je veux être la main qui desserre l'étau du poing qui brisa l'oiseau.
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