La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

dimanche 28 septembre 2014

Mare Nostrum

Notre mer, un tombeau. En elle sombrent des misères que sabordent les passeurs pressés d'embarquer d'autres misères.
Dans la barque du nocher s'entassent tous les noms du malheur dans toutes les langues et toutes les langues se confondent dès lors qu'il s'agit du malheur, tous les dieux et des peaux sombres plus que des peaux claires, et toutes les peaux assombries. Tous les malheurs du monde pèsent plus que les crimes et la barque coule entre deux enfers: en notre mer s'ouvre un en-deçà. Coulent avec les damnés, avec les innocents, leurs dieux, leurs enfants, leurs femmes violées, l'espoir des jeunes gens pour qui les vieux s'étaient saignés, coule avec le nautonier qui ne sait plus à quel enfer se vouer, l'enfer lui-même, dépassé.

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