La mer ment de tous ses prestiges, les côtes plus encore, que seul semble éloigner le regard myope qui sait le prix de son désir. On étouffe à Tanger, la ville est morte à elle-même, et pour un souffle, des enfants s'exercent à l'acrobatie : on ne peut respirer que démantibulé. La brume s'abat sur le port, et reste dans la médina l'écume noire de la misère : souvenirs d'Afrique, une casserole abandonnée sur un réchaud. Chercher l'ombre hachée des eucalyptus.
Vous partirez sur la mer menteuse, convoyés par les négriers éternels qui vous foutront à l'eau, loin de Gibraltar (c'est le nom que vous donnez au désir), pas si loin de Tanger que vous n'y retourniez vous brûler les yeux dos à la ville, face à la mer. Vous repartirez. La Guardia Civil ne compte plus vos cadavres. Vous repartirez. Saïd le myope, lui ne se verra pas mourir, Saïd, au moins, il aura respiré avant.
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