La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

jeudi 21 novembre 2024

Jardin sous la neige

 Ce qui tombe neutralise, la lumière en perd son souffle, ce qui tombe une neige grise et les dernières feuilles, stupéfiées, ploient sous le poids, croulent, se brisent. Elle en restera au bouton la dernière rose de la saison, et les grelots du fuchsia blanc perlent comme un chant de cygne. Dire adieu au persil, à l'estragon, la ciboulette -un adieu relatif: ils reviendront au printemps. Thym et romarin résistent, la neige tombe comme à Gravelotte, giboule, efface les contours des arbres, gomme, arrondit, estompe toute forme, bâillonnerait les bruits s'il en était encore par le hameau comme saisi. Ronfle la cheminée qui réclame une bûche, on la lui fournit. Nous prend une envie de laine, de thé noir aux épices, c'est un matin à écouter de la viole, La Rêveuse de Marin Marais, la neige tient dessus la route, pourra-t-on quitter le jardin, on doute, les chats font le dos rond, on écoute dans le silence des tourbillons, c'est la mélancolie même, on se souvient qu'est morte Sophie Watillon, la mélancolie même, on lui offre la dernière fleur du fuchsia blanc.

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