La pluie strie la vue, floute les petits carreaux des fenêtres qui s'embuent, les chats rongent leur frein, Pamina lovée sur le paillasson entre deux godasses boueuses, s'endort résignée: ce sera une journée sans oiseau à saigner, une journée grise comme le ciel, à oublier. Il pleut de la lumière sur les papiers de mon bureau, j'écoute la Guiditta de Scarlatti, il faudrait songer à préparer le déjeuner, mais j'ai une flemme de chat, pour un peu je m'allongerais moi aussi, vieillir c'est consentir aux siestes, pour un peu je couperais la chique à Judith -on sait comment ça finit- et j'irais dormir bercé par le son de la pluie qui crépite sur les feuilles tombées. Mais monsieur l'appétit commande, je me résous à cuisiner.
Le ravaudeur n'a pas collecté toutes les pièces du puzzle. Le ravaudeur ravaude, j'entends par là qu'entre les morceaux de sa peine il suture, et que suturant il renonce à l'unité de ce qu'il rassemble et sa tâche c'est de faire tenir ensemble, et son travail un manteau d'Arlequin.
Ronde jaune et orange
Arpad Szenès, Ronde jaune et orange, 1955
dimanche 6 novembre 2022
Paresse
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