Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mercredi 23 janvier 2019

Fondu au blanc

Pourquoi sous la neige les pas s'effacent plus que cheveux ne blanchissent, et ce qui fond c'est le corps dans le nuage gris qui floconne, cet évanouissement le prendre comme un train, une chance, un silence enfin. Aimer la neige, la balayer sur le pare-brise, croire qu'on verra plus loin, n'y voir pas mieux, se résoudre aveugle à un fondu au blanc, jouir des pas qui crissent des cris d'enfants qu'on ne voit pas, trembler vieillard déjà du pas qui glisse, de la cuisse qui se crispe, se reprendre, poser le pied bien à plat. Plus jamais tu ne connaîtras cela, parce que morte, et ta tombe, la neige, elle ne la connaît pas, parce qu'aussi la neige il faut la regarder dans notre aveuglement comme le signe évident de ce qui survient mais ne reviendra plus, ce qui fond dans la main, ce qu'humains nous réchauffons jusqu'à ce que mort s'ensuive, de l'eau qui s'enfuit pour faire monter les océans, ronger la terre et nous avec, et nous dedans.

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