Il a plu tous les jours derniers, plus que de raison, à faire déborder les fossés, il a plu jusque dans mon grenier, par infiltration, le long de la cheminée, jusqu'à la pièce débarras, il a plu comme l'an passé le soir de la mort de maman, il semblerait qu'il pleuve de la même façon, me voilà trempé. Il est gravé le nom de maman sur la tombe, ça a pris presque un an, redoré le nom des grands parents, il peut bien repleuvoir sur l'or de leur nom, ça prendra bien trente ans pour que l'or se ternisse, ça fait bien des averses sur la pierre bleue de Vire et bien des rhumatismes pour mes mains douloureuses, avoir mal c'est vivre encore, admettons. Tu aurais aimé vivre assez vieille pour souffrir de rhumatismes, tu aurais enduré la pluie avec bravoure, ça ne t'aurait pas terni l'humeur, mais il pleut sur la pierre gravée et c'est sans toi qu'il pleut.
Le ravaudeur n'a pas collecté toutes les pièces du puzzle. Le ravaudeur ravaude, j'entends par là qu'entre les morceaux de sa peine il suture, et que suturant il renonce à l'unité de ce qu'il rassemble et sa tâche c'est de faire tenir ensemble, et son travail un manteau d'Arlequin.
tendresse et navrance, avec rhumatismes associés
RépondreSupprimerTraduction en Italien de Rosaturca. Merci à Tina:
RépondreSupprimerhttp://bologna40125.altervista.org/archives/1885
...merci à toi Hervé...
RépondreSupprimerTraduction en Oc de Stéphane Lombardo:
RépondreSupprimerPlueja de novembre
A plougut totei lei darniers jors, mai que de rason, a far versar lei valats, a plougut fins a mon granier, per infiltracion, lòng la chamineia, fins a la peça caforcho, a plougut coma autran lo sera de la mòrt de mair, semblariá que plouguèsse parier, me vaquí trempe. Es engravat lo nom de mair sus lo tomb, prenguèt quasi un an, tornat daurat lo nom deis avis, pòu ben tornar ploure sus l'òr de son nom, prendrà ben trenta ans per que l'òr se passisse, aquò fai plan d'avèrsas sus la pèira blava de Vire e plan de maus d'òs per mei mans dolorosas, aver mau es viure encar, bota. T'auriá agradat de viure pron vièlha per sufrir de maus d'òs, auriás endurat la plueja amb coratge, t'auriá pas passit l'umor, mai plòu sus la pèira engravada e es sensa tu que plòu.
Le conditionnel passé, c'est trop difficile. Chérir le passé, d'avoir connu cette personne et chérir les traces et métamorphoses qu'elle a laissées en soi.
RépondreSupprimerhttps://papotisnoisettesetchocolat.blogspot.com
Voilà j'ai retrouvé mon blog, comme ça je peux écrire moins anonymement ici : vous dites le plus difficile, le monde qui continue "sans". Mais c'est le vôtre, et vous portez l'autre monde en vous. Ça fait comme des poupées russes de mondes.
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