Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

lundi 5 juin 2017

Images fantômes


Je ne sais plus si bien Villepreux ni Provins, encore plus loin Mulhouse, Mourmelon plus rien, Paris ce qu'on m'en a dit, la rue de Béarn, la fuite au plafond, les promenades Place des Vosges. Avant, ça ne compte pas, avant, tu n'étais pas née. Ces lieux je les oublie autant qu'ils disparaissent, ces lieux nous y avons vécu ils sont méconnaissables, Le Marais, la rue de Béarn, ce dont je me souviens ça sentait le pipi jusque sous les arcades.
Je ne veux pas fouiller, mais que ça me revienne, pas creuser je ne suis ni fossoyeur ni archéologue, ce que je veux, la résurgence, pas descendre, que cela remonte, ni catabase ni catacombe: elle est trop violente ma lampe de vivant, et malheur à celui qui cherchant des ombres les éclaire. A percer le mur du passé, il tue jusqu'au souvenir de ce qu'il suscitait, pigments saisis sous la lumière brutale des torches électriques, fantômes blessés qu'on approche mais qu'on n'embrasse jamais, c'est à jamais qu'ils s'évanouissent, et s'ils nous quittent ainsi, c'est qu'à vouloir les surprendre on les a trahis, à révéler les fresques de la crypte on les efface en égoïstes.
Alors j'attends que tu me reviennes, je suis le seul je crois à t'attendre de la sorte, pouvoir t'attendre ainsi car seul je reconnaitrai tes gestes d'enfance, tes secrets, ta façon d'habiter les lieux. Rien de désespéré, peut faire retour à tout instant une image fantôme, une saveur un mot de toi que je retrouverai, qui me retrouvera.

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