Il chasse. Sa vie, posture de prédateur, affût, guet, planque. Il sait les mares où les bêtes vont boire, les allées où traînent les putes, les ombres où les pédés s'enfoncent. Tout lui est gibier, mais de ses chasses il ne rapporte qu'un bouquet d'ailes, un treillis plus crotté que sanglant.
Hors saison, il fait prendre l'air aux enfants, ce qui fait dire qu'il est bon père (c'était le temps où l'on était bon père à pas cher). Il leur fait cueillir des champignons, leur montre l'anneau, la volve des amanites, la barbe des pieds-de-mouton. Il suspend leur souffle d'un geste: il ne faut pas affoler les chevreuils qui vont brouter les chèvrefeuilles.
Il écarte les branchages, il surprend les lièvres au gîte, il déniche les oeufs turquoise des grives qu'il gobe, et parfois recrache, sous les yeux effarés des enfants aérés, la glaire d'albumine, sanglante d'un poussin.
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