La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

jeudi 2 juin 2022

Ca va encore

 Sous la lumière crue d'un matin doux de juin, se demander à haute voix s'il nous sera donné de vieillir sans trop déchoir, lapins de bondir au fond du jardin, mésanges de pondre dans les nichoirs. Ce qui s'épuise en nous c'est la vie même certes, et l'âge rouille nos genoux, étoupe nos yeux rouges en dépit des lunettes, mais nous réveillant enlacés on voudrait tant que se répète le miracle de nos souffles synchrones, de la vie douce et des cerises à l'arbre -celles que les merles nous ont laissées. Sous la lumière du matin comprendre que les matins nous sont comptés depuis que nous voyons le jour, que les nuages nous sont comptés sous la lumière indifférente. Qui pourrait croire pourtant à écouter le chant des grives, le roucoulement des tourterelles, qu'un jour on cherchera le dernier pigeon -d'un gris d'ardoise dit la chanson- et que les yeux en l'air on écrasera la dernière jonquille, distraitement, et nous n'aurons pas eu d'enfants.

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