La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

dimanche 13 juin 2021

Un herbier

 Voici le temps des digitales aux tiges carillonnantes dont les sucs portent au cœur -qui les croirait si puissantes, ces clochettes mauves qu'agite le vent sur les lisières des bois, les fossés du bocage? Il faudrait savoir nommer toutes les plantes, que notre langue soit un herbier, et que les nommant, nous les sauvions de l'extinction qui nous pend au nez, nommer les simples et les poisons, les roses capiteuses, les pavots chiffonnés, nommer les sortes de cerisiers, les distinguer des merisiers, dire la joie de l'estragon, du thym citronné. C'est là que démunis nous comprenons qu'à vivre loin des jardins, nous avons oublié les noms, trop de noms qu'on cherche en vain, on rêvait d'un herbier mais l'on reprend le dictionnaire, dans l'ombre fraîche de la maison, et l'on cherche les noms qui ne reviennent pas.

6 commentaires:

  1. et moi suis très très mauvaise élève pourtant ont de la saveur ces mots et de la beauté ce qu'ils désignent

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  2. Oui il y a du plaisir à nommer, aucun doute!

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  3. "Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux." (R Char)
    Et si les plantes savaient comme les mots faire surgir des choses que nous ignorons de nous? Notre biographie serait alors un parcours botanique où se mêlent ceux des noms que nous avons appris et ceux que nous cherchons encore. Comme Mrs Dalloway quand elle dit: qu'"elle achèterait les fleurs elle-même." C'est le début d'un herbier qui collecte ces végétaux dont la présence discrète embaume tout notre itinéraire (par divertissement, j'avais fait un jour un petit récit autobiographique intitulé "L'inconscient structuré comme le langage des fleurs". Et j'avais proposé l'exercice à des adultes en formation. Je crois que tout y est, elliptique et pourtant explicite. Aussi ne cherchons-nous peut-être que ceux des noms qui nous manquent?

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  4. Désolée d'avoir publié un commentaire de façon anonyme et donc peu élégante!
    Bonne journée
    Claudine Chapuis-Cottain

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  5. Votre commentaire n'avait rien de celui d'un troll, n'ayez pas d'inquiétude !
    Belle journée,
    HC

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  6. Traduction en oc de Stéphane Lombardo:

    Un erbier


    Vejaicí lo temps dei digitalas dei cambas cascavelhantas que sei sucs pòrtan au còr - quau lei creiriá tant potentas, aquestei campanetas mauvas que brandussa lo vent ais òrles dei bòscs, ai fòssas dau boscatge ? Caudriá saupre dire totei lei plantas, que nòstra lenga fuguèsse un erbier, e que lei diguent, lei sauvessiam de l'extinccion que nos pend au nas, dire lei simplas e lei poisons, lei ròsas capitosas, lei gaugalins fregats, dire lei menas de cerièras, lei destinguir deis amarnièras, dire la jòia dau tragon, de la farigola lemonièra. Es aicí que despollhats, comprenèm qu'a viure luenh deis òrts, avèm oblidat lei noms, tròp de noms que l'òm cèrca en van, l'òm pantaiava d'un erbier mai l'òm tòrna au diccionarii, dins l'ombra frèsca de l'ostau, e l'òm cèrca lei noms que non tòrnan pas.

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