La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

lundi 20 février 2017

Soleil prenant

S'agit-il de prendre la pente? La pensée de midi, est-elle si exacte au soleil? De la terrasse au sud d'une montagne que je découvre (le lieu d'où j'écris, je ne sais le nommer, au dessus de Luz, le voilà situé), je vois descendre de petits bonshommes carénés qui glissent sur la neige bien damée. Je fus l'un d'entre eux, avant, ailleurs, je ne le suis plus je ne le serai plus, corbeau d'Edgar Poe, perroquet du Nevermore. Ils sont jolis les corbeaux d'ici, ils sont joyeux, ils glissent, nous étions comme eux sur d'autres pistes, avec des skis plus longs, nous étions moins nombreux. Tu aimais la neige qui tombait plus fort, qui tenait plus longtemps, mais enfant tu craignais la pente, ma sœur un peu crispée, tu l'affrontais quand je glissais. L'œil du père qui nous surveillait, pesait son poids sans doute sur ta nuque tendue, je ne le voyais pas, je glissais loin du mauvais skieur qu'il était, soupirant de devoir l'attendre. J'ai glissé longtemps, avec aisance, toujours plus loin de lui, longtemps si léger sur la pente. Aujourd'hui vieux de ta mort, je n'ai pas loué de skis, je regarde les autres glisser, mon tour est passé, mais l'heure est belle au midi prenant pour voir dévaler les vivants et s'en trouver revigoré.

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