Dans la Sonate de Requiem, il y a des enfants qui courent loin du glas du piano, des zébrures du violoncelle, un air polonais qui me raconte des histoires, il y a des enfants qui chantent, un piano qui balbutie la comptine jusqu'à ce que les doigts butent et que les enfants butés stoppent, et que j'oublie ces paroles.
Dans la Sonate de Requiem, la plainte ne se plaint pas. Le chant polonais dit: Que revienne le temps où je savais chanter, où j'aimais à courir, où ma mère était sur le seuil qui nous regardait, où ma mère chantait en polonais.
Dans la Sonate de Requiem, je vois ma soeur aux joues rondes et rouges auprès du frigidaire, et ma soeur est ce chant, ma soeur est polonaise. Le second air c'est une ronde, le troisième une valse, et cela j'aime moins. Rien ne dure et pas plus la valse brisée que la joie des enfants qui courent. Mais que revienne le chant de l'enfance, et de fait il revient, concassé sous la valse, l'air polonais, il reviendra jusqu'à la fin, la fin du souffle de la mère, l'élan brisé du violoncelle et l'enfance arrêtée là, au seuil même où la mère est tombée. Je regarde ma soeur qui n'a plus rien de polonais, qui a perdu ses joues d'enfance et nous marchons dans la forêt sous une pluie blanche et tiède.
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