Dans le fin fond du sac de sport un flacon brisé d'Habit Rouge. Un sac Adidas, un faux dans ces années fausses, mais le parfum lui, forçant l'évidence, fut voici vingt-cinq ans la signature d'un amour silencieux. C'était le temps des passions impossibles, des heures d'attente au bout de la terrasse, et lorsqu'il arrivait, inconscient de ses sortilèges, le précédaient les effluves d'Habit Rouge dont il usait immodérément. S'ensuivaient des brutalités d'enfant et des récits baroques -il fut, l'est-il encore? un grand conteur de carabistouilles.
Il a venté devant la porte, vingt-cinq ans de vents divers, d'averses consenties ont emporté récits comme amis, Habit Rouge, jasmin, poussières de grenades, tout balayé, bien propre le trottoir et bien mouillée la porte où nul ne veille plus. On change d'âge, de lunettes, les poils vous poussent, les cheveux tombent et la peau du cou pend. On change on a changé de dents, d'eau de toilette, on a changé de taille on mange plus, on rit moins, on gagne un peu plus d'argent.
Dans la rue commerçante, on s'arrête: on a besoin d'eau de toilette. La vendeuse archiféminine s'abstient de conseiller, propose de parfumer, offre à défaut des échantillons. Il suffit d'appuyer sur un des petits cylindres, et la voiture se transforme en copie de sac Adidas: qu'il revienne, l'homme en Habit Rouge et qu'il raconte des histoires: on l'écoutera, en prenant garde de n'y pas trop croire.
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